Interroger la lecture est une façon de contraindre le modèle cubique blanc de l’espace d’exposition à l’inclusion du public. Car s’il y a acte de visite et acte de lecture, il y a surtout acteurs et actrices de la visite, lecteurs et lectrices de la publication. Penser un espace d’exposition inclusif, c’est anticiper la présence et les déplacements de personnes, c’est y projeter un acte de visite, pour lequel l’architecture d’un lieu, sa scénographie, son accessibilité, ses vides et ses pleins, sont des facteurs déterminants. Cette projection est une prise en compte directe d’un potentiel public. Faire de l’espace à venir un environnement praticable, que tout y soit lisible – comme on projette dans une publication le fait qu’elle sera lue.

Publier, rendre public, est nécessairement un geste d’inclusion – c’est ce qu’induit la lecture. Dès lors que la publication devient espace d’inclusion, l’objet imprimé et les expériences de lecture sont déplacé·es au centre des modèles de production et d’exposition. Les book-fairs, les librairies, mais aussi les canaux de diffusion en ligne, les réseaux sociaux, les échanges d’emails, sont autant d’espaces dans lesquels une publication peut manifester son existence. La pratique devient alors un outil de mesure permettant de comprendre le rôle que ces différents contextes de monstration et leurs acteur·ices ont à jouer dans la constitution et la consolidation d’espaces de liberté et d’expression. Elle est structurée par trois types de relations inhérentes à la portée inclusive de la publication, qui sont de nature économique, sociale et politique. Leur incarnation se trouve aussi bien dans l’objet publié que dans la posture qu’on adopte en tant que personne responsable de la publication. Responsable dans l’économie de l’édition, au travers d’échanges marchands ou de dons. Responsable socialement, au travers des rencontres, des relations humaines et des représentations dans l’espace. Responsable politiquement au travers des engagements qu’on prend, des choix qu’on fait et des valeurs qu’on défend.